Soins et alimentation : Pourquoi et comment mettre en place un programme de repas à domicile

Old person and helper
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Un programme de repas à domicile peut permettre de prolonger la prise en charge en favorisant une bonne alimentation et une meilleure guérison chez les personnes à risque.

Le rétablissement demande beaucoup d’énergie, et l’énergie dont le corps a besoin, c’est la nourriture.

Sous le regard attentif du personnel soignant des hôpitaux, des centres de réadaptation et des résidences, les interventions visant à améliorer la prise alimentaire et la nutrition se font rapidement. 

Mais une fois qu’un patient reçoit son congé, c’est beaucoup plus difficile. Selon Larry Altier, directeur des services d’alimentation et de nutrition pour Lee Health System, à Fort Myers (en Floride), c’est particulièrement vrai pour les « patients de plus de 55 ans qui sont atteints d’une maladie aiguë ou chronique qui les empêchent de s’alimenter correctement ou les rendent à risque de malnutrition. » 

La malnutrition, qui s’explique par de nombreux facteurs, a des répercussions à plusieurs égards. « Les gens qui sont sous-alimentés ou qui ne mangent pas assez guérissent plus lentement », laisse savoir Dana Fillmore, nutritionniste et directrice du secteur santé chez Service alimentaire Gordon. « Et ils courent un plus grand risque d’être de nouveau admis à l’hôpital. » 

L’accès à de « vrais aliments » constitue, de part et d’autre, une excellente solution au problème. Et c’est l’approche que défend Nourrir la vie, un organisme sans but lucratif canadien qui milite en faveur d’un changement de culture dans le secteur des services alimentaires en santé. Actuellement, grâce à divers programmes d’aide qui permettent aux populations très à risque d’avoir dans leur assiette de vrais bons aliments, les choses pourraient changer.

Tendre la main pour nourrir quelqu’un

L’objectif de ces programmes, explique Mme Fillmore, est « de promouvoir une bonne alimentation et de s’assurer que les patients ont facilement accès à de la nourriture à chaque repas. Parce qu’une saine alimentation constitue la clé du bien-être et de la capacité à guérir. »

Les programmes de services de repas à domicile qui ciblent les populations à risque proposent des plats simples et goûteux, à emporter ou à faire livrer. Les portions offertes sont généralement suffisantes pour une ou deux personnes et le menu assez flexible : produits frais, surgelés, de longue conservation, etc.

Pour les personnes ayant récemment reçu leur congé d’un centre de soins où l’on proposait un service de repas, cette aide permet de surmonter les obstacles associés à l’approvisionnement en nourriture et à la préparation de celle-ci. Pour ces gens, et plus particulièrement les aînés, qui ne peuvent s’offrir les paniers prêts à cuisiner commerciaux, ces programmes facilitent l’alimentation, la guérison et le maintien à domicile.

Comment cela fonctionne

L’exemple suivant montre à quoi peut ressembler un service de repas à domicile destiné à des gens vivant dans des appartements pour personnes autonomes.

  1. Les clients passent leur commande à l’avance, ce qui permet à l’équipe de services alimentaires de planifier les stocks nécessaires, d’adapter les quantités à préparer et d’établir les besoins en main-d’œuvre et la charge de travail.
  2. Les plats sont préparés en grandes quantités, puis mis dans des contenants de 2 à 4 portions allant au four à micro-ondes ou au four conventionnel.
  3. Le ramassage ou la livraison se fait selon un horaire préétabli et les plats sont offerts en format de longue conservation, frais ou surgelé. 

Validé cliniquement et destiné aux patients ayant des besoins particuliers, le programme Lee Health’s Flavor Harvest at Home s’adresse aux personnes de 55 ans et plus qui ont une maladie aiguë ou chronique qui entraîne la malnutrition. Les personnes ciblées doivent répondre à deux des six critères de malnutrition définis par l’Academy of Nutrition and Dietetics. Une fois par semaine pendant quatre semaines, un chauffeur leur livre des aliments (de longue conservation, frais ou surgelés) visant à combler leurs besoins nutritionnels. Le chauffeur s’assure aussi que tout est rangé au bon endroit. Au bout de 28 jours, on procède à une réévaluation. 

Après seulement 18 mois d’activité, indique M. Altier, on compte plus de 1 000 participants, et le programme reçoit un accueil favorable. « La première semaine du programme, les bénéficiaires se gardent une réserve; ils ouvrent à peine la porte et tiennent le chauffeur à distance. Rendu à la troisième semaine, leur comportement a complètement changé et leur état de santé s’est amélioré. Ils ouvrent alors grand la porte et engagent la conversation avec les chauffeurs. »

Encore mieux, les résultats sont positifs. « Environ 59 pour cent des patients qui ont un état de santé semblable, mais n’ont pas participé au programme de repas ont été réadmis, affirme M. Altier. Alors que dans le groupe ayant bénéficié des repas, le taux de réadmission est de moins de 25 pour cent. En fait, ce n’est pas qu’un programme alimentaire; c’est un programme de soins médicaux qui intègre la nourriture. »

Des repas payants

Ces programmes, laisse savoir Mme Fillmore, sont également une occasion d’améliorer la santé financière d’un établissement. Comme le fait remarquer M. Altier, le ratio coûts-avantages peut être impressionnant : chez Lee Health, on estime le coût du programme à 231 000 $ et des poussières, mais sa valeur nette à près de 1 300 000 $, un chiffre prudent selon lui.

Réduction des réadmissions. « Les hôpitaux travaillent activement à l’amélioration des soins en fournissant une aide pour les repas à domicile », soutient Mme Fillmore. Chez Lee Health, la baisse des réadmissions a mené à des économies considérables.

Raccourcissement des séjours.« Nous avons constaté une réduction notable dans la durée du séjour chez les patients qui ont rapidement été identifiés comme à risque », mentionne M. Altier.

Marketing. En livrant des plats ailleurs que dans leur établissement, les résidences et les centres de soins de longue durée se font connaître.

Création d’un réseau. « Ce sont les hôpitaux qui envoient les gens dans les centres de réadaptation et de soins ou dans les résidences, fait remarquer Mme Fillmore. Quand vient le temps de choisir, ils risquent d’opter pour l’endroit où l’on cherche à garder les gens en santé longtemps. »

Source de revenus. Selon Mme Fillmore, on peut « au minimum s’attendre à couvrir ses frais et possiblement faire du profit, si c’est ce que l’on souhaite. » Elle précise toutefois qu’il faut veiller à ce que les prix soient raisonnables, compte tenu de la clientèle ciblée. On peut aussi envisager d’élargir son offre aux employés et aux visiteurs. 

En conclusion, « de plus en plus d’établissements choisiront de recourir à cette stratégie pour réduire les frais médicaux, prévoit Mme Fillmore. Car il est plus économique de nourrir une personne pendant 28 jours que de la réadmettre à l’hôpital. »

M. Altier conclut quant à lui que l’offre de meilleurs soins de base commence par la nutrition.

Principes de base

Voici les principes qui ont permis de jeter les bases du programme Lee Health’s Flavor Harvest at Home. 

  • Créer une culture d’établissement.
  • Redéfinir les rôles du clinicien en y incluant la nutrition.
  • Reconnaître les patients à risque et poser un diagnostic.
  • Procéder à une prise en charge rapide et à une surveillance continue.
  • Communiquer les plans de soins nutritionnels.
  • Élaborer un plan de formation pour les soins nutritionnels à domicile.

Read more about these principles in the July 2013 Journal of Parental and Enteral Nutrition.

L’ABC des plats à emporter

Choix des bons aliments. Opter pour des plats savoureux et réconfortants qui plaisent à tous.

Adaptabilité des recettes. Aligner ses recettes sur le menu déjà offert.

Réduction des coûts et du gaspillage. Favoriser l’usage multiple des ingrédients.

Salubrité alimentaire. Respecter les mesures de salubrité et de HACCP ainsi qu’établir des protocoles de préparation et de livraison adaptés à la province.

Répercussions sur les opérations. Évaluer les besoins de main-d’œuvre ainsi que l’achalandage en cuisine et dans les aires de préparation.

Étiquetage. Fournir l’information suivante : ingrédients, valeur nutritive, directives de cuisson, nombre de portions, etc.

Emballage. Faire des choix en tenant compte de la conservation des aliments, de la réglementation, des possibilités d’emballages écologiques et de l’image de marque.

Logistique. Prévoir des aires de ramassage et déterminer qui assurera la livraison.

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