Aider les employés stressés est bon pour eux… et pour l’entreprise.
Si vous demandez aux restaurateurs de dresser la liste des problèmes de santé de leur personnel, la réponse concernera probablement des coupures aux doigts, des brûlures d’huile, des pieds endoloris, des maux de dos ou de la fatigue. En effet, la santé mentale n’est pas aussi visible qu’une blessure et est donc souvent oubliée.
Le quotidien d’un restaurant est déjà stressant en soi. Les pénuries de main-d’œuvre et les clients qui se fâchent n’aident certainement pas la situation. Et, en fin de compte, le bien-être mental des employés concerne tout le monde. Le fait d’y porter attention peut aider votre personnel tout comme votre entreprise.
On admire quelqu’un qui travaille malgré une douleur physique et qui retourne travailler tout de suite après être passé aux urgences. Les enjeux liés à la santé mentale, quant à eux, suscitent plutôt le jugement ou la mise à l’écart.
«Nous avons une certaine stigmatisation à surmonter», explique Erin Boyle. «La santé mentale est tout aussi importante que la santé physique. Si vous luttez contre l’anxiété, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique, vous en ressentirez les répercussions physiques.»
Directrice générale de CHOW (Culinary Hospitality Outreach and Wellness), Erin a pu constater à quel point les problèmes de santé mentale peuvent nuire au moral, amplifier les conflits, créer des situations dangereuses, augmenter l’absentéisme et hausser les taux de roulement.
Prendre des nouvelles des employés au quotidien et soutenir son équipe
Le contraire de l’absentéisme est le présentéisme, c’est-à-dire la situation dans laquelle un membre du personnel se présente au travail, mais n’est pas efficace. Cela peut être le signe qu’un employé vit des problèmes de santé mentale et, par le fait même, créer du stress pour tout le monde.
Le simple fait de prendre des nouvelles de son personnel permet aux gestionnaires d’être engagés auprès de celui-ci. Les réunions en début de journée ou avant les repas sont une bonne occasion de poser des questions sur les problèmes des employés ou de remarquer des changements dans leur apparence ou attitude.
«Il ne faut pas tenir pour acquis que quelqu’un qui sourit est nécessairement heureux», indique Sara Patterson, directrice nationale des ressources humaines de Service alimentaire Gordon Canada. «Il faut demander aux gens comment ils vont et quel est leur niveau de stress.»
En définitive, un lieu de travail sain nécessite de l’entraide entre les employés. Les gestionnaires sont occupés. Ils sont certainement en mesure d’expliquer les politiques, les procédures et les moyens d’obtenir de l’aide, mais il est possible qu’ils passent à côté de signes précurseurs des problèmes de santé mentale. C’est pourquoi Erin Boyle encourage tous les membres d’une équipe à se soutenir mutuellement en adoptant une attitude orientée vers l’action.
Laisser la thérapie aux professionnels qualifiés
On encourage les gestionnaires à surveiller les problèmes de santé mentale de leurs employés, mais pas à agir en tant que thérapeute. En fait, les lois interdisent aux gestionnaires de poser à leur personnel certaines questions médicales et de santé. Ils peuvent toutefois faire des observations. C’est un bon moyen de se renseigner sur les gens.
«Un gestionnaire doit être à l’affût des changements de comportement ou d’attitude», précise Sara Patterson. «Faites en sorte que la conversation reste naturelle. Des questions comme "Y a-t-il quelque chose dont tu voudrais parler?" ou "Comment va ta famille?" permettent d’établir un lien plus personnel.»
Si une personne est manifestement stressée, Sara Patterson conseille de la référer aux ressources humaines ou à une ligne d’assistance téléphonique. Il peut suffire d’une conversation avec la bonne personne pour sauver une vie.
Erin abonde dans le même sens et cite les conseils du projet californien I Got Your Back :«Si quelqu’un vous révèle qu’il a des pensées suicidaires, demandez-lui : "Est-ce que je peux appeler la ligne d’écoute avec toi?" Faites toutes les étapes devant lui et dites ensuite à la personne qui répond que vous aimeriez simplement savoir comment fonctionne cette ligne.»
Ce processus témoigne de l’attention et de l’intérêt que l’on porte à l’employé, en plus de montrer à celui-ci une façon d’obtenir de l’aide pour les difficultés qu’il pourrait vivre en dehors du travail.
Trouver la meilleure solution
Il est facile de trouver de l’aide. De nombreux endroits, comme le site Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale de Canada Vie, offrent des ressources en ligne..
Toutefois, les programmes orientés vers la santé mentale ne fonctionneront que si c’est réellement ce dont votre équipe a besoin. «Ce serait une perte d’argent si, en fait, les employés veulent plutôt un jour de congé supplémentaire et un abonnement à Netflix», soutient Erin Boyle.
Si votre entreprise dispose d’un service des ressources humaines, celui-ci peut vous expliquer les programmes d’aide aux employés ou les options de thérapie clinique, rappelle Sara Patterson. Il est également possible d’appeler le 1-833-456-4566, le numéro de Parlons suicide Canada.
Espace mieux-être Canada offre des ressources en ligne. également de nombreuses ressources en santé mentale sur son site.
Sara Patterson note également que des outils de santé mentale sont disponibles sur le site de l’Association canadienne pour la santé mentaleet qu’il est possible d’appeler le 211, une ligne d’assistance à l’échelle nationale, pour être orienté vers des cliniques de santé et autres ressources diverses.
Ces ressources peuvent améliorer la santé de votre personnel et, conséquemment, aider votre entreprise. L’Organisation mondiale de la Santé explique que chaque dollar dépensé en lien avec la santé mentale rapporte quatre dollars, par l’amélioration de la santé et de la productivité..
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