Découvrez des façons de bonifier les aliments que les personnes atteintes de démence aiment déjà.
Il est loin d’être facile de faire manger les résidents ayant des troubles de mémoire. Mais il est encore plus difficile de combler leurs besoins nutritionnels. En effet, les personnes atteintes de démence se heurtent à de nombreux obstacles, dont les problèmes de vision, qui rendent la nourriture moins appétissante, la surcharge sensorielle quand ils se trouvent dans une salle à manger achalandée et bruyante ou les oublis, qui leur font de sauter des repas parce qu’ils pensent avoir déjà mangé. Dans ces situations, les plats enrichis peuvent permettre de fournir des aliments très nutritifs en petite quantité.
Et ça n’a rien de sorcier. Comme l’explique Jessie Waalkes, nutritionniste pour le Centre de ressources nutritionnelles de Service alimentaire Gordon, il suffit d’utiliser des aliments de tous les jours et d’en augmenter la teneur en calories et en protéines afin de prévenir la malnutrition, associée à l’augmentation du risque de problèmes de santé.
« Les aliments enrichis sont généralement des aliments normaux auxquels on ajoute des petits extras, précise-t-elle. C’est très simple. On peut, par exemple, mettre plus de beurre ou de crème sure dans la purée de pommes de terre ou utiliser du lait entier plutôt qu’écrémé dans le gruau ou la crème de blé. »
Les aliments d’abord
Les aliments enrichis peuvent aider beaucoup de personnes. S’ils sont bénéfiques pour les résidents ayant des troubles de mémoire, ils pourraient aussi l’être pour ceux qui se rétablissent d’une maladie.
« Nous cherchons toujours à donner aux gens de vrais aliments avant d’envisager les suppléments, affirme Mme Waalkes. Et ces aliments peuvent être à la fois délicieux et nourrissants! »
Dans les établissements de santé, où les repas sont préparés en grandes quantités, elle conseille de servir aux personnes devant recevoir des aliments enrichis, par exemple, une « super sauce » bourrée de calories pour accompagner la dinde et la purée. Et si un résident insiste pour avoir un sandwich au beurre d’arachides et à la confiture, il suffit de beurrer le pain avant d’y tartiner le beurre d’arachides. Le goût sera le même, mais le plat contiendra plus de calories.
Reconnaissance des besoins
Il est assez facile de savoir quand quelqu’un ne mange pas beaucoup, poursuit Mme Waalkes. La perte de poids et les restes dans les assiettes en sont deux bons indicateurs. Mais il faut aussi tenter de comprendre pourquoi c’est le cas. Chez les personnes atteintes de démence, cinq principaux facteurs nuisent à la prise alimentaire :
- Troubles cognitifs. La personne ne reconnaît pas l’aliment ou la boisson comme quelque chose de destiné à être consommé.
- Problèmes moteurs. Le résident est incapable d’utiliser les ustensiles ou de mastiquer la nourriture.
- Troubles sensoriels. La personne a un sens de l’odorat ou du goût réduit, ne sent pas la soif, arrive difficilement à détecter la température des aliments ou ne distingue pas les aliments dans son assiette.
- Comportements alimentaires. Le résident est agité, a des habitudes alimentaires changeantes, refuse de manger ou mange trop, n’a plus les mêmes goûts qu’avant ou joue avec sa nourriture.
- Appétit. La médication ou le manque d’exercice réduisent l’appétit de la personne.
Ces difficultés doivent être reconnues, car les stratégies qui permettent de les surmonter font autant partie de la solution que les aliments enrichis. Par exemple, les noix ont beau être très nutritives, si la personne n’arrive pas à les mastiquer, elles resteront dans l’assiette. Dans ce cas, il serait donc préférable d’opter pour du beurre de noix. Même chose pour le poulet, la purée de pommes de terre et le fromage cottage : s’ils sont nutritifs, ils peuvent aussi être difficiles à distinguer dans une assiette blanche. L’utilisation d’assiettes foncées créera un contraste qui facilitera la vie des personnes ayant des troubles de vision.
Une bonne stratégie
Même si la plupart des gens attendent impatiemment l’heure des repas, ce n’est souvent pas le cas des personnes ayant des problèmes de mémoire. Leur capacité d’attention limitée ne leur permet pas de passer une heure tranquillement assis à discuter. Les aliments enrichis permettent cependant d’offrir des repas rapides qui regorgent de protéines, de nutriments et de calories. Voici quelques suggestions pour enrichir les plats de tous les jours :
Produits laitiers. Dans les recettes nécessitant du lait, optez pour du lait entier. Trouvez des façons d’utiliser le yogourt, le fromage cottage et la crème glacée. Attention, cependant, aux intolérances au lactose. Les œufs sont aussi une excellente source de protéines.
Céréales. Enrichissez les céréales chaudes de lait en poudre, de beurre ou de sirop.
Purées. Ajoutez du beurre ou des protéines à la pomme de terre, la patate douce, le navet ou les carottes pour créer des aliments adaptés aux personnes ayant de la difficulté à mastiquer.
Soupes. Ajoutez beaucoup de légumes ou de poulet à la soupe aux nouilles. Vous pouvez aussi remplacer le bouillon par une base contenant de la crème et du beurre.
Sauces. de crème et utilisez un bouillon assez gras. Enrichissez-les de lait en poudre ou
Ragoûts. Mettez-y du fromage, du lait entier, de la sauce ou de petits morceaux de viande.
Desserts. Les biscuits, les tablettes de chocolat, les smoothies et les laits frappés sont sucrés… et plein de calories
Bouchées. Hard-boiled eggs, meatball sliders, chicken fingers, empanadas and other handhelds.
De nombreuses solutions
Il existe beaucoup de façons de servir des plats enrichis. Parfois, ce n’est pas plus compliqué que de remplacer le lait dans le café par de la crème fouettée ou d’ajouter une tranche de fromage de plus à un sandwich grillé. Mme Waalkes se souvient d’une résidente d’un des endroits où elle a travaillé qui adorait les godets de beurre d’arachides. Même si elle ne recommanderait pas nécessairement d’employer cette stratégie pour tout le monde, cet exemple permet de comprendre que la solution est parfois plus simple qu’on ne le pense.
« C’est tout ce qu’elle souhaitait manger. Et comme ils contiennent des protéines et beaucoup de calories, c’est ce que nous l’encouragions à faire quand elle ne voulait rien d’autre. Il faut rejoindre les gens là où ils sont. »